Interview de Jacques Creyssel dans la PQR du groupe EBRA

A ce jour, quel est l’impact des attentats sur le commerce ?

Il a été très fort le premier week-end. Depuis, l’évolution est assez différenciée. La baisse reste brutale sur Paris et la région parisienne, jusqu’à 50% dans les grands magasins la semaine dernière, et plus faible dans les petites villes de province. Les centres commerciaux ont été nettement plus touchés que les magasins individuels de centre-ville. Enfin, l’alimentaire a mieux résisté, avec un report sur les magasins de proximité, contrairement à la bijouterie, l’habillement ou le jouet, qui ont beaucoup souffert.

Peut-on évaluer le manque de chiffre d’affaires ?

Non… La réunion d’hier soir (lundi) avec le ministre de l’Economie fait apparaître un impact plus fort sur le tourisme, avec des pertes nettes comme les annulations du Congrès des maires à Paris ou de la Fête des Lumières à Lyon : cet impact net sur le tourisme est évalué à environ 0,1% de PIB. Pour le commerce, nous espérons des effets de rattrapage d’ici Noël. L’expérience de janvier dernier, et des études menées à l’étranger, montrent que le retour à la situation antérieure s’est, le plus souvent, fait en quelques semaines.

Les mesures de sécurité prises dans les commerces sont-elles au bon niveau ?

Il est normal qu’il y ait des mesures particulières, dans un tel contexte. Le dialogue avec les pouvoirs publics est très bon, il permet de trouver un point d’équilibre entre la nécessaire sécurité, et la nécessaire continuité de l’activité économique. Nous avons demandé que les pouvoirs publics, au-delà des discours sur la sécurité, encouragent les Français à vivre et consommer normalement : ils ont un devoir d’exemplarité pour montrer que l’on peut continuer de sortir, aller au restaurant, dans les magasins.... Nous avons aussi demandé que les mesures de sécurité ne deviennent pas une entrave à l’activité, en limitant les contrôles systématiques aux lieux les plus sensibles. Nous voudrions, de même, pouvoir mieux utiliser nos moyens de vidéo-sécurité : aujourd’hui, nous devons limiter la surveillance à un mètre devant le magasin.  Il est également souhaitable de minimiser les coûts, très élevés : plus de cent agents de sécurité mobilisés pour un grand magasin parisien. Il faut donc cibler les moyens : on ne peut pas mettre un gardien devant chaque magasin en France.

Deux tiers des patrons de PME-TPE se disent, selon une enquête de la CGPME, mal informés sur les moyens de prévenir le terrorisme…

C’est pourquoi nous avons demandé et obtenu d’Emmanuel Macron que soit publiée demain (mercredi) une note précisant la réponse de l’Etat sur l’ensemble de ces sujets, avec un « question-réponse » sur tous les points particuliers.

Faut-il maintenir le même niveau de sécurité jusqu’à Noël ?

C’est aux pouvoirs publics d’en décider, et nous appliquerons leur décision. Nous souhaitons naturellement que les consignes soient allégées, car cela signifierait les risques auront diminué.

Recueilli par Francis Brochet

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